Jadis, les 7 districts du Jura appartenaient à l'Evêché de Bâle. Annexés par la France après la Révolution, ils furent offerts au Canton de Berne en 1815 par décision du Congrès de Vienne, à titre de compensation pour la perte du Canton de Vaud et de la Haute-Argovie, territoires que Berne occupait depuis de longues années...
Les grandes décisions politiques de ce genre sont bien trop souvent profondément débiles: 6 des 7 districts jurassiens sont francophones alors que Berne parle une langue alémanique, le «bärntütsch»! La suite était quelque peu prévisible...
En 1947, un conseiller d'Etat jurassien francophone se vit refuser par le Parlement bernois la direction d'un Département sous prétexte qu'il parlait mal le bärntütsch... Il n'en fallait pas davantage pour que la colère gronde du côté du Jura!
Un Comité d'action pour la défense des droits du Jura est créé, ainsi qu'un Mouvement séparatiste jurassien. Ce dernier deviendra le Rassemblement jurassien et demandera officiellement la création d'un 23e canton suisse.
Comme Berne fait la sourde oreille, en 1963 apparaissent deux mouvements séparatistes, le FLJ (Front de libération du Jura) et le Groupe Bélier. Manifestations, barbouillages, incendies de fermes et tentative de sabotage de la voie ferrée contraignirent finalement Berne à prendre en compte les revendications jurassiennes.
Il fallut toutefois attendre 1979 pour que le Canton du Jura soit enfin créé... mais en 2012 la question n'est toujours pas réglée de manière globale! Le canton n'est formé que des 3 districts francophones du nord, Delémont, Porrentruy et Franches-Montagnes. Le district germanophone de Laufon, devenu une enclave bernoise coincée entre les cantons du Jura, de Soleure et de Bâle-Campagne, a choisi de rejoindre ce dernier canton en 1994.
Au sud, les districts de Moutier, Courtelary et La Neuveville demeurent intégrés dans le Canton de Berne, car ils en ont décidé ainsi lors des votations... Le problème, c'est que durant les mois qui ont précédé les votes d'autodétermination, il y a semble-t-il eu, comme par hasard, un grand nombre de Bernois germanophones choisissant subitement de s'établir dans les communes francophones du Sud-Jura...
La «Question jurassienne» n'est donc toujours pas réglée à la satisfaction de toutes les parties...
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